Le F 35:





C'est moi qui ai fait ces photos, et personne n'a été décapité derrière le F35, il s'agit simplement d'une mesure de respect de la vie privée de la personne (pas de reconnaissance possible).

Le F 35 est vraiment le meilleur exemple, occidental en tous cas, d'avion de combat ayant sa place dans cette série préparatoire à une réflexion sur la valeur de la critique et sur le "comment se pémunir un minimum des erreurs et mensonges répandus par ce biais".

Mais tout d'abord, décrivons le un peu.

C'est donc, comme (presque) chacun sait, un avion de cinquième génération.

Ça signifie qu'il doit (devrait) au moins être (passivement) furtif,  capable de voler en supersonique sans recours à la postcombustion (=supercroisière), capable de voler à haute altitude,  être équipé d'un système de liaisons de données tactique, avoir ce que l'on appelle la fusion des données, et être très agile (=super-manœuvrabilité).

Bon, on peut déjà dire qu'aucun avion au monde n'a tout cela en même temps...

Au début, le concept de génération ne désignait que le fait d'être concu plus tard que ceux de la génération précédente, puis les américains ont "inventé" toute une série de conditions pour appartenir à cette cinquième génération (sur base de prévisions un peu hâtives des avionneurs), pour ensuite s'apercevoir que ça ne marchait même pas pour eux, et pour finir par ne retenir  que la furtivité radar passive....
Tout ça pour ça.....

Donc notre bon F35 est effectivement passivement(1) (très) furtif,  il est capable de voler à haute altitude (ben comme tout le monde, quoi),  il est équipé d'un système de liaisons de données tactique(2), il a ce que l'on appelle la fusion des données(3), mais n'est pas capable de voler en supersonique sans recours à la postcombustion (= pas de supercroisière),  et n'est pas très agile (=pas de super-manœuvrabilité).

(1) Passivement, donc rien que de par sa géométrie, le choix des matériaux de construction, et l'utilisation d'un revêtement fait de matériaux absorbant les ondes radar. On utiliserait l'expression de "furtivité active" si elle était obtenue par des dispositifs électroniques, par exemple.

(2) Les liaisons de données font références au fait que les avions qui sont équipé pour, échangent continuellement des informations, via des faisceaux d'ondes (= pas de dispersion pour la discrétion) avec d'autres avions, et/ou des satellites, et/ou des navires en mer, et/ou des installations au sol qui leur donnent ainsi la possibilité de "voir" la totalité de la situation tout autour, et même de s'abstenir d'allumer leur propre radar (= discrétion) tout en ayant TOUTES les informations que leur radar aurait pu leur donner.

Ils peuvent même engager (tirer sur) des avions ennemis sans utiliser leur radar, mais exactement COMME s'ils avaient leur radar allumé.

(3) La fusion de donnée c'est le fait de pouvoir regrouper sur un même écran toutes les informations utiles du moment, et cela qu'elles viennent de leur propre radar, de leur différents senseurs et capteurs (pour certains: électro-optiques), ou même de l'extrieur via le système évoqué juste avant.

Le F35 a tout cela, et son radar à balayage électronique actif (AN/APG-81) a une portée de 150 km (pour une cible d'une "SER" d'1 m²).

SER = surface équivalente radar.

Le F35 a tout pour être un (très) excellent avion de combat, mais il a présenté quelques problèmes, qui ont été exploités par certains pour mener, à son endroit, quelque chose qui ressemble à une quasi campagne de dénigrement.

Voyons donc d'abord quels sont ces problèmes pour ensuite s'engager sur cette analyse des critiques dont on a parlé plusieurs fois.

En gros, et en résumé, une série de problèmes concernant les différents logiciels, des retards (à cause de ces problèmes d'ailleurs), des dépassements de budget et de frais de maintenance, un moteur qui a tendance à chauffer parce qu'il est contraint à produire plus d'énergie que ce qui était planifié (trop d'ajout de systèmes électroniques gourmands) et que son système de refroidissement est un peu sous dimensionné.

Sauf que tout cela est essentiellement du au fait que les nouvelles fonctions décidées à posteriori et l'accumulation de nouveaux logiciels font que les systèmes électroniques consomment plus que prévu..


Tous ces problèmes cités jusqu'ici, viennent essentiellement du fait que l'on a rajouté toute une série d'exigeances (niveau électronique) après la conception de l'avion, et donc ces problèmes, bien que réels, ne prouvent pas que l'avion est mal conçu, mais simplement qu'on l'a trop "chargé" (du coup il consomme trtop de courant) après l'avoir conçu.

À cela il faut ajouter une vulnérabilité aux conditions orageuses..... On en reparlera.

Pour le moteur, après avoir envisagé d’équiper le F‑35 d’un tout nouveau moteur (à cycle variable) qui aurait résolu tous les problèmes liés à la production d'énergie et à la surchauffe, on a plutôt choisi d'améliorer le moteur existant, officiellement pour faciliter la modification des F‑35 déjà en opération, mais les considérations économiques ont sans doute beaucoup pesé aussi....

Reste.... reste le problème de la manœuvrabilité, qui est en fait le seul restant qui soit pleinement dans le thème de ce site.

Attention, comme je l'ai déjà dit et expliqué plusieurs fois, la manœuvrabilité est très loin d'être secondaire, même alors que les combats aériens sont de moins en moins rapprochés (c'est très utile voir capital, même avec l'évolution du combat aérien (voir: L'hypermanœuvrabilite et Quelquesimages 3).

Le F 35 n'a donc pas du tout la "super-manœuvrabilité" qui était annoncée et théoriquement exigée pour la cinquième génération.

Mais jusqu'à quel point?

Parce que, avant de critiquer, il faut d'abord connaître, et c'est là que l'on voit trop souuvent le problème..... de la critique elle même...

Bref essayons de connaître (on va essayer cela dans la suite) puis on verra ce que valent ces critiques... au sujet de différents avions d'ailleurs.

La majeure partie des critiques concernant aussi bien les avions russes que occidentaux portent sur les équipements, les performances et la motorisation.

Pour ne pas se disperser, je me limiterai à donner des explications, j'espère "éclairantes", sur les sujets qui constituent l'essentiel des critiques, je veux parler des systèmes radar, et des conditions de manœuvrabilité. Il y aura quelques mots sur d'autres aspects, mais qui ne nécessitent sans doute pas de longues explications préalables.



RADARS:

Commençons donc par parler des radars, et comme il n'est pas possible, ni de critiquer honnêtement, ni de juger d'une critique sans connaître, au moins un peu, le sujet. Je vais d'abord donner quelques explications très basiques sur les radars modernes, donc à balayage électroniques.

Un radar est un dispositif capable de produire un faisceaux d'ondes et d'en recevoir l'écho dans le but de localiser un objet.

Pour produire un faisceaux d'ondes, il faut pouvoir les concentrer dans une direction la plus précise possible.

Le première idée est donc de les émettre avec une antenne parabolique. Ça, c'est la forme la plus connue du radar, l'antenne parabolique, pas besoin d'explications ni de dessin.

Mais il y a d'autres manières de diriger une onde..

On peut déjà parler des antennes "Yagi" ou "antennes rateaux" qui servaient (et servent parfois encore) à capter les émissions de télévision et que l'on voyait sur presque tous les toîts. Ces antennes sont directionnelles.

Je ne vais pas donner de longues explications sur les antennes Yagi, on en trouve facilement sur le net.

Je dirai simplement, pour faire très court, qu'elles utilisent le phénomène d'interférences (constructives d'un côté, destructives de l'autre, pour renforcer l'émission ou la réception dans une direction et atténuer l'émission ou la réception dans l'autre sens).

Lorsque une onde électromagnétique frappe un objet conducteur, elle y génère un courant électrique qui tend à osciller à la méme fréquence.

En oscillant de la sorte, ce courant génère à son tour une onde électromagnétique, il y a donc réémission.

Si l'objet en question est allongé (genre "tige") et possède des dimensions de même ordre de grandeur que la longueur d'onde de l'onde électromagnétique en question, alors l'effet est renforcé, surtout pour une longueur égale à la moitié de la longueur d'onde, parce qu'il y a résonnance.

Une antenne yagi est composée d'une série de "tiges" de ce genre (on dit des dipôles), dont seulement un seul est réellement récepteur ou émetteur.

Un certain nombre de dipôles "non connectés" sont placés devant, leurs dimensions et leur écartement font que leur réémission se fait en (quasi) concordance de phase d'un côté et (quasi) opposition de phase de l'autre.

Résultat: un renforcement de l'onde du bon côté et une atténuation de l'autre.

Et il y a aussi un système réflecteur derrière le dipôle "actif". Ce réflecteur est lui aussi composé de dipôles mais cette fois avec une longueur* et un écartement* qui renforce l'intensité de l'onde "réémise" dans l'autre sens.

Bref, l'ensemble concours, par le jeu des interférences (constructives ou destructives),  à concentrer les ondes sur l'élément connecté (pour la réception) ou à renforcer, dans la direction choisie, les ondes émise par l'élément connecté (pour l'émission).

(*) En jouant sur la longueur (donc la fréquence d'oscillation) et l'écartement (donc le décalage temporel) on crée un déphasage qui permettra ces interférences constructives ou estructives.


C'est donc pour cela qu'il existe des antennes radars utilisant des antennes "Yagi" comme éléments émetteurs et récepteurs.
Exemple:
Il s'agit d'un radar VHF (plus conforme à l'utilisation d'éléménts de type "Yagi") de fabrication soviétique, peu précis mais de très grande portée et capable de détecter les avions furtifs (voir l'explication dans les pages concernant la furtivité et, en particulier "la furtivité 5").

Dans le même genre, il y a aussi les radars "NEBO SVU et 55Zh6E (NNIIRT), etc...

Autres types d'antennes radar, les antennes à fentes, ou utilisant des éléments émetteurs/récepteurs en forme de "T" (une sorte de yagi à un seul élément).

Ces antennes sont intéressantes parce qu'elles remplacent la parabole ou les alignements d'éléments (Yagi) par une simple plaque plane sur laquelle sont disposés des éléments rayonnants(1) qui produisent ensemble un faisceau dirigés en utilisant, comme les "Yagi", le jeu des interférences constructives et destructives, mais, sur un plan plutôt qu'une ligne cette fois.

(1)Souvent des fentes mais on peut aussi utiliser de petites antennes en forme de "T".
Cette dernière option se rencontre mais généralement en association avec un autre système.

Une antenne radar "à fentes", ça ressemble à ça:

Les ondes sont d'abord produites en amont et "amenées derrière les fentes" par un guide d'ondes. 

Au niveau des fentes elles mêmes, il y a formation d'un dipôle par fente, mais dont la polarité est perpendiculaire à la fente (donc les fentes, ci dessus, étant horizontales, produisent des dipôles verticaux).

Le fonctionnement, que je ne décrirai pas en détail, est basé sur le phénomène de diffraction par une fente, et les fentes, elles mêmes ont une longueur valant la moitié de la longueur d'onde.

Le premier avantage de ce genre d'antenne (que les éléments rayonnants soient des fentes ou pas d'ailleurs), c'est la disparition de la nécessité d'une parabole.

La focalisation ne se fait plus par la réflexion sur une surface parabolique, mais par le jeu des interférences constructrices et destructrices.

Et le résultat n'est pas mauvais.
Plus le nombre d'éléments rayonnants (fentes, etc...) est grand, plus la focalisation est forte.

Après, il faut pouvoir orienter le faisceau dans la direction souhaitée.

Et avant l'utilisation du balayage électronique, la seule solution était celle déjà utilisée sur les radars "classiques" à antennes parabolique, les articulations mécaniques.
Qui dit mécanique dit soit mouvements modérément rapides et/ou nombreux, soit usure prématurée...

Le balayage électronique, d'ailleurs permis par le choix d'antennes utilisant le jeu des interférences plutôt qu'une parabole, résout le dilemme en permettant un balayage ultra rapide et le fonctionnement en mode air sol et air air de manière presque simultanée. Et tout ça sans la moindre usure.

On va donc parler du balayage électronique......... à la page suivante.