UNE
ARNAQUE A RESSORT
Cette fois, il
s'agit, rien
moins que de
propulser un engin par un système qui comme d'habitude
n'éjecte rien, et ne reçoit rien, mais en se
référant quand même à la
conservation de la
quantité de mouvement !
Le système est le suivant
: une
tige terminée par une butée à chaque
extrémité. au centre de la tige un ressort
comprimé. Une masse est placée à
chacune des deux
extrémités du ressort. Enfin, un autre ressort
(plus
petit) est placé sur la tige près d'une des
butées.
Ca donne ça :
Lorsque les 2 masses M1 et M2 sont libérées, le
ressort A
les repousse violemment vers les butées B et C.
La masse M2
vient percuter la butée B. Le choc est
inélastique (pas
de rebond), la quantité de mouvement (de M2) est
conservée, mais pas l'énergie puisqu'une partie
est
transformée en chaleur dans l'imperceptible
déformation
de la masse M2 et/ou de la butée B.
La masse M1 ne peut
faire de
même sur la butée C, car celle-ci est
"protégée" par le petit ressort.
Résultat : on a,
de ce côté, un choc élastique. La
quantité
de mouvement (de M1) est conservée, et l'énergie
aussi.
Un petit rappel sur les chocs élastiques et
inélastiques.
Dans un choc inélastique, les deux masses, en quelque sorte,
n'en forment plus qu'une après le choc, comme deux wagons de
chemin de fer qui s'accrochent en se percutant.
Résultat :
la
vitesse de chacune des deux masses après le choc est
strictement
la même, puisqu'elles sont désormais
liées.
Dans un
choc élastique, les vitesses de chacune des masses
après
le choc sont différentes.
J'ai
représenté, sur le
dessin ci-dessous, deux cas particulier de chocs élastiques.
Sur
le premier, les deux masses sont égales, l'une des masses
(M1)
est en mouvement, et l'autre (M2) est à l'arrêt.
Après le choc élastique, la totalité
de la
quantité de mouvement de M1 a été
transférée à M2, qui
désormais se
déplace à la vitesse qu'avait M1 avant le choc,
tandis
que M1 est désormais à l'arrêt.
Sur le
deuxième dessin concernant les chocs élastiques,
encore
une fois, M1 est en mouvement, et M2 à l'arrêt,
mais cette
fois la masse M2 est beaucoup plus importante que la masse M1.
Résultat : M1 recule après le choc, sa
quantité de
mouvement après le choc est M1 fois V'1, mais V'1 est dans
l'autre sens, et ceci à une importance car dans le calcul de
la
conservation de la quantité de mouvement après le
choc,
M1*V'1 sera compté en négatif , obligeant M2*V'2
à
être plus grand que M1*V1.
En d'autre termes, on a avant le choc :
La quantité de mouvement de M1 = M1*V1
La quantité de mouvement de M2 = M2*V2 = 0 puisque V2 = 0.
La quantité de mouvement totale avant choc est
égale à M1*V1 + M2*V2 = M1*V1 + 0 = M1*V1
Après le choc on a :
La quantité de mouvement de M1 = M1*V'1
La quantité de mouvement de M2 = M2*V'2
La quantité de mouvement totale après le choc est
égale à M1*V'1 + M2*V'2 avec M1*V'1
compté en
négatif parceque V'1 est en sens inverse, donc on peut
écrire que la quantité de mouvement
après le choc
est égale à M2*V'2 - M1*V'1.
La quantité de mouvement totale avant le choc (M1*V1) doit
être égale à la quantité de
mouvement totale
après le choc (M2*V'2 - M1*V'1) (conservation de la
quantité de mouvement).
On a donc M1* V1 =M2*V'2 - M1*V'1
M1*V1 + M1*V'1 = M2*V'2,
donc M2*V'2 = M1*V1
PLUS M1*V'1
La quantité de mouvement de M2 après le choc est
donc
supérieure à la quantité de mouvement
de M1 avant
le choc.
C'est cette supériorité de la
quantité de
mouvement transmise dans un choc élastique avec recul qui
peut
faire croire à une possibilité de propulsion.
Si
l'on en
revient a notre montage à ressort, on voit tout de suite que, si
la
masse M1 (qui est du côté "choc
élastique") peutt transmettre plus de quantité de mouvement que M2 (qui
est
envoyée côté choc
inélastique), c'est
au
prix d'un rebond avec retour en arrière.
Le surplus de
quantité de
mouvement communiqué à la butée C est
exactement égal, mais de signe
contraire, à la quantité de mouvement
que M1 va transmettre en
direction de la butée B en s'arrêtant sur le
ressort A.
Si M1 est animé
d'une très grande vitesse, il peut même faire des
aller et retour, en
communiquant à chaque fois une quantité de
mouvement qu'il annulera
juste après, au rebond suivant, dans l'autre sens, tout
ça peut
produire de belles oscillations et/ou vibrations mais
pas de propulsion.
Sur
les trois ressorts dessinés ci dessus, deux (les 2 du bas)
sont décalés
sur la gauche, donc du côté de la
butée C, celle-là même où la
quantité de mouvement
tranférée est la plus importante.
Alors
propulsion ou pas ?
Non, dans un premier temps, le
système
se déplace très légèrement
côté C du fait du surplus de quantité
de
mouvement transmis de ce coté, ensuite le
déplacement est stoppé
lorsque la masse M1 rend la même quantité de
mouvement de l'autre côté
(dans l'autre sens).
Au total, le léger
déplacement du montage est tel
que le centre de gravité reste exactement au même
endroit par
rapport à un repère extérieur (on dit
un référentiel extérieur).
En
effet, avant la détente du ressort A, le centre de
gravité de
l'ensemble était situé, à peu
près, au centre du ressort A, après, la
masse M1 est revenu pratiquement au même endroit qu'au
début, mais la
masse M2 est contre la butée B.
Le centre de
gravité s'est donc déplacé
vers B.
Le déplacement de toute la pièce vers C
permet de maintenir le
centre de gravité exactement
au même endroit par
rapport à un
référentiel extérieur.
Si le
centre de gravité n'a pas bougé, alors il n'y a
pas eu de réel
mouvement.
On retrouve un cas semblable ici :
Une
fois le ressort laché, le déplacement apparent de
la pièce (vers la
droite) n'a servi qu'a permettre au centre de gravité de ne
pas bouger
par rapport à un référentiel
extérieur (ligne rouge).
Pour qu'un mouvement soit
réel, il faut qu'il s'accompagne d'un déplacement
du centre de gravité par
rapport à un
référentiel extérieur.